CHAPITRE IV
LE SOCIALISME RÉVOLUTIONNAIRE EN FRANCE AUTOUR DE 1848
De plus près peut-être encore que Fourier et Cabet, Louis Blanc et Proudhon contribuèrent au mouvement socialiste de 1848, l’un en faisant espérer une ère nouvelle avec une nouvelle « organisation du travail », l’autre en démolissant toutes les institutions et tous les principes. Nous les joignons donc ici, quelque différence qu’il y ait dans leurs théories et leurs procédés. Saint-Simon et les autres avaient été surtout des idéalistes et des rêveurs, comptant surtout sur la persuasion de la parole et de l’exemple : avec Louis Blanc et Proudhon nous entrons franchement dans les théoriciens de la révolution.
Louis Blanc, né à Madrid en 1811, fut journaliste à Paris, jusqu’à ce que la Révolution de février fût venue le jeter dans la vie politique. Il est alors membre du gouvernement provisoire de février 1848, président de la fameuse Commission du travail siégeant au Luxembourg[1], et député à la Constituante. Compromis dans les journées de mai 1848, qu’il a provoquées, il se réfugie à Londres. On le revoit enfin député de la Seine, puis sénateur du même département — depuis 1871 jusqu’à sa mort en 1886[2].
Il avait ébauché ses idées, dès 1839, dans la Revue du progrès social. Il en compléta l’exposition dans l’Organi-
- ↑ Le titre exact de cette commission, instituée par le décret du 28 février 1848, était « Commission du gouvernement pour les travailleurs ».
- ↑ Sur Louis Blanc, voyez entre autres Isambert, Idées socialistes, IIe partie, ch. vi. — Mais M. Isambert se contente de ranger Louis Blanc parmi les « socialistes d’État » (op. cit., p. 274) ; nous croyons que ce qualificatif est beaucoup insuffisant.