Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/678

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manière à précipiter les rachats à l’amiable par la perspective des faillites imminentes dont les propriétaires et les entrepreneurs récalcitrants seraient menacés.

L’agriculture subirait un régime analogue. Il est même à remarquer que dans l’Organisation du travail la transformation du régime agricole tient beaucoup plus de place que celle du régime industriel. Sans doute, eu égard au temps où Louis Blanc écrivait, il y a là une opportunité de propagande qui explique beaucoup de choses. Louis Blanc, comme s’il était l’héritier des physiocrates, met dans la terre la « source de la vie des peuples » ; puis, pour faire adopter son système d’ateliers agricoles, il professe : 1° que le dépérissement de l’agriculture en France vient des régimes de petite culture et de petite propriété ; 2° qu’il « n’y a de salut pour les campagnes que dans l’adoption du système de la grande culture » ; 3° qu’on y arrivera, non par l’individualisme, mais par l’association et la propriété collective[1]. Les associations agricoles seraient de cinquante familles, établies sur 500 hectares environ et « logées dans un même bâtiment[2] ».

Que deviendra donc la famille, dans le système de Louis-Blanc ? Elle sera maintenue, mais sans hérédité. La famille, dit en effet Louis Blanc, est un fait naturel qui, dans quelque hypothèse que ce soit, ne saurait être détruit, tandis que l’hérédité est une convention sociale, que les progrès de la société peuvent faire disparaître[3].

Dans chaque sphère de travail, il y aurait un atelier central, duquel les autres relèveraient comme ateliers complémentaires. Le prix de revient une fois déterminé, la représentation nationale fixerait, eu égard à la situation du monde industriel, un prix de vente qui laisserait un bénéfice, mais dont l’uniformité empêcherait la concurrence entre les divers groupes. Ce serait ce même Parle-

  1. Organisation du travail, 9e éd., p. 86.
  2. Op. cit., pp. 112-113.
  3. Op. cit., 9e éd., pp. 228-229.