collabore de loin à leur œuvre, mais toujours plus en tribun, en pamphlétaire et en orateur qu’en philosophe et en économiste.
Sa carrière vraiment active commence en 1861 et ne dure que trois ans.
Cette même année là il publie le Système des droits acquis[1], où il critique vivement la propriété individuelle et l’hérédité ; puis, en 1863, la Réponse ouverte au comité central pour la convocation d’un congrès général des travailleurs à Leipzig[2], œuvre bientôt suivie de Bastiat Schulze-Delitsch ou Capital et travail[3]. Mais Lassalle était surtout l’homme de la parole. Il avait tout ce qu’il faut pour plaire : aristocrate de goûts et de manières, habile à manier l’ironie et l’apostrophe, il séduisait son auditoire. Un rôle considérable paraissait donc lui être réservé, si sa carrière avait pu durer plus longtemps.
Elle fut courte et se termina tragiquement. En 1862, quoique approchant de la quarantaine, il sut inspirer une vive passion à une jeune fille de quinze ans, presque une enfant, Hélène de Dœnniges, fille d’un ambassadeur de Bavière, qu’il voyait pour la première fois dans un bal à Berlin. Le projet de mariage souleva une vive opposition de la part des parents de la jeune fille. Après quelques entrevues habilement ménagées, Lassalle rencontre par hasard Hélène au Kaltbad sur le sommet du Righi, et cette fois il lui propose de se laisser enlever. La jeune fille hésite malgré sa passion. Un duel s’ensuit entre Lassalle et Ianko de Rakowitz, à qui Hélène était fiancée, et Lassalle, mortellement blessé à Genève, y meurt trois jours après, le 31 août 1864[4]. La comtesse de Hatzfeld recueillit le corps
- ↑ System der envorbenen Rechte.
- ↑ Offenes Antwortschreiben an das Centralcomitee zur Berufung eines allgemeinen Arbeiterkongresses zu Leipzig.
- ↑ Traduit en français par Benoit Malon.
- ↑ L’autobiographie de Mlle de Dœnniges (Meine Beziehungen zu Ferdinand Lassalle, par Hélène de Rakowitza, née de Dœnniges) a tout l’intérêt d’un roman.