Il est d’abord très vrai qu’en Angleterre on a essayé d’un socialisme nettement appuyé sur la religion ; mais avec le principe, protestant du libre examen il faut bien reconnaître que pour cette genèse du socialisme chrétien nos voisins avaient des facilités dont les catholiques, très heureusement, ont été toujours dépourvus. D’Angleterre le socialisme chrétien protestant passa en Amérique, et il suscita aussi de la part de l’Allemagne une émulation toute momentanée.
En Angleterre, ce socialisme chrétien suivit de près le chartisme. Ce fut Carlyle qui fit le trait d’union entre eux deux[1].
On donnait le nom de chartisme au mouvement ouvrier qui avait éclaté après le reform-bill de 1832[2]. Les mécontents s’étaient laissé persuader que le bill avait été fait dans le seul intérêt de la classe aisée. En 1836, leurs représentants à la Chambre des communes élaborèrent un programme de réformes électorales, que l’un d’eux qualifia du nom de « charte » en la présentant à ses amis. Ce fut cet incident qui fit donner au mouvement tout entier le nom de chartism.
La parenté du socialisme et du chartisme ne saurait être niée. Les chartistes voyaient dans les réformes politiques un instrument de réformes économiques ; ils considéraient le régime actuel comme incompatible avec toute amélioration dans la condition des travailleurs ; et ils rêvaient a d’organiser la société d’après un idéal social
- ↑ Verhaegen, Socialistes anglais, 1898, pp. 22 et s. ; ch. ix, pp. 261 et s. ; — Métin, le Socialisme en Angleterre, 1897, pp. 59, 71 et ch. iv, Christianisme et socialisme » ; — et Rév. Kerby, le Socialisme aux États-Unis, ch. iii, sect. i. — Voyez aussi Nitti, Socialisme catholique, pp. 90-91 ; — le Socialisme en Angleterre, par Goddard H. Orpen ; traduit en appendice dans la 10e édition du Socialisme contemporain d’É. de Laveleye, pp. 334 et s.
- ↑ Sur le chartisme en particulier, Stegmann et Hugo, Handbuch des Socialismus, pp. 107 et s.
précédemment et de plus Weill, Histoire du mouvement social en France, 1852-1902, Paris, 1905, pp. 343 et s.