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valeurs marchandés des deux métaux : mais Oresme en avait dit autant[1]. On doit aussi à Willibald Perkheimer, humaniste et homme d’Etat de Nuremberg (1470-1530), un traité Priscorum numismatorum ad Numbergensis monetœ valorem facta œstimatio, qui lui assigne un rang parmi les écrivains monétaires.

Il faut citer au même titre le fameux Copernic (1472-1543), auteur du traité De cudendœ monetœ ratione. Le grand astronome polonais le composa à la demande de Sigismond Ier, roi de Pologne, qui était justement préoccupé de l’altération et de la diversité des monnaies répandues en Pologne et en Prusse. Composé en 1526, ce petit travail, de Copernic fut retrouvé seulement en 1815 et imprimé pour la première fois en 1816[2]. L’auteur était prié de donner des conseils au roi : il le fait au point, de vue pratique, en n’abordant les questions de principe que dans la mesure où il le faut pour donner de l’autorité à ses avis. Il faut une monnaie saine et loyale avec un juste rapport de la valeur respective des pièces, d’or et d’argent et avec le moins de diversité dans les pièces. « Les pays qui possèdent une bonne monnaie sont florissants, tandis que ceux qui n’en ont qu’une mauvaise tombent en décadence et périssent[3]… La confusion résulte de la diversité des ateliers monétaires, qui empêche l’égalité de valeur[4] », et deux ateliers suffisent, l’un pour la Pologne, et l’autre pour la Prusse, alors sa vassale. Mais « il n’appartient point aux princes de tirer aucun profit de la monnaie qu’ils frapperont ; et il faudra, lors de démission de la monnaie nouvelle, démonétiser l’ancienne… en l’admettant à s’échanger dans les ateliers de monnayage, dans la juste proportion de la valeur intrinsèque[5] ». Ici on s’attendrait à voir citer la loi d’Oresme :

  1. Supra, p. 74.
  2. Le De cudendæ monetæ ratione a été publié à la suite du Traictie des monnaies de Nicole Oresme par Wolowski, Paris, 1864.
  3. Op. cit., p. 65.
  4. Op. cit., p. 67.
  5. Op. cit., p. 69.