Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tesque pour une exploitation sacrilège. On sait les abus qui en résultèrent : la doctrine chrétienne dénaturée, la morale rendue facile, le trafic des indulgences, les richesses et les vices du clergé, les superstitions populaires, l’Église tout entière en proie à la simonie. Mais le remède se trouva dans l’excès même du mal : les progrès de la corruption réveillèrent la conscience endormie, et de ce réveil naquit la Réforme, réaction violente de la conscience contre des doctrines immorales et des mœurs impures. Le catholicisme avait abandonné l’austère doctrine de la grâce, et s’était, petit à petit, rapproché de l’antique hérésie de Pélage ; la Réforme prit saint Augustin pour patron. Le catholicisme avait beaucoup parlé des œuvres ; la Réforme ne parla plus que de la foi. Le catholicisme avait glorifié l’homme ; la Réforme glorifia Dieu. Le calvinisme est tout simplement le dernier terme de cette réaction de la conscience.

Il suffit, pour s’en convaincre, de lire quelques pages des réformateurs et surtout de l’Institution chrétienne. Sur quel sujet Calvin revient-il avec le plus d’insistance ? Sur notre misère et sur la grandeur de Dieu. S’il hait le catholicisme, c’est qu’il l’accuse d’avoir flatté l’orgueil des hommes, en leur prêchant leur force et leurs mérites, et qu’il attribue à ce mensonge la décadence de l’Église et la corruption des mœurs. Pour ramener le monde à l’aus-