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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/102

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principe de la liberté que pour renforcer l’idée de la loi, et aboutir ainsi à la morale la plus austère.

La réaction religieuse du seizième siècle devait donc conduire naturellement aux dogmes du calvinisme ; mais peut-être ne les aurait-elle jamais formulés avec franchise, sans l’inflexible logique de Calvin. Calvin, préoccupé comme tous les réformateurs du besoin de dépouiller l’homme pour glorifier Dieu, fait reposer son système sur cet unique principe, et, seul entre ses émules, il a le courage de n’en dissimuler aucune conséquence. Calvin est allé jusqu’au bout, tandis que Luther, Zwingle et Mélanchton hésitaient. Calvin est un réformateur conséquent. Ainsi pour comprendre l’origine de sa dogmatique, il suffit de rapprocher ces deux choses, sa rigoureuse dialectique, et la révolution morale qui a suscité la Réforme.

Mais la logique, ce levier favori de Calvin, est un instrument aussi perfide qu’il est puissant. Elle suppose un premier principe, et elle se charge d’en faire sortir tout ce qu’il renferme. Si ce principe est faux, un esprit logique l’approfondit jusqu’à ce qu’il rencontre l’absurde, qui n’est que l’erreur conséquente avec elle-même ; s’il est vrai, mais limité par un principe supérieur, un esprit logique ne tarde pas, en le creusant, à dépasser cette limite, et à tomber dans l’exclusisme, qui n’est qu’une forme particulière de l’erreur, l’abus d’un principe vrai, mais