Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/156

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tous la bannière que suit M. Astié, pourquoi donc at-il laissé à d’autres l’honneur d’une si grande découverte ? Serait-ce par hasard que cette transition n’est ni aussi logique, ni aussi saisissante que le suppose M. Astié ? M. Astié ne songe qu’à l’excellence des preuves internes ; il voit toutes choses au travers de cette idée favorite ; il y rapporte tout ; il faut que tout cadre avec elle. Je crains fort que cette préoccupation exclusive ne l’ait trompé.

Le plan que M. Astié attribue à Pascal est-il logique ? Je ne sais si je m’abuse, mais je crois apercevoir un point où il manque un anneau à la chaîne, je devrais dire plutôt un point où un bout de corde supplée aux anneaux de fer. Le morceau que j’ai emprunté tout à l’heure à M. Astié m’a servi à le découvrir. Il semble d’abord, à l’entendre, que la première partie de l’œuvre de Pascal se termine et se résume par ces foudroyantes paroles : « S’il s’abaisse, je le vante ; s’il se vante, je l’abaisse. » Mais plus loin on voit que M. Astié donne beaucoup plus d’étendue aux prolégomènes de Pascal. « Après avoir, dit-il, humilié l’homme en lui montrant sa grandeur et sa misère, Pascal lui donne le coup de grâce en lui arrachant un aveu de chute. La première partie est donc terminée… » Oui, mais pourquoi ne l’était-elle pas quelques lignes plus haut, au moment où l’homme attendait avec anxiété le mot de l’énigme ? Pourquoi encore ce coup de grâce ? Il