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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/158

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tière serait singulièrement facilitée s’il était permis d’insinuer adroitement la réponse dans la question. Mais la logique repousse énergiquement ce procédé trompeur et commode. Il n’y a pas deux logiques : une pour la science chrétienne, l’autre pour la science profane.

Si donc la première partie se termine, comme cela nous paraît nécessaire, par le tableau de notre misère et de notre grandeur, Pascal ne peut pas sauter à pieds joints par-dessus l’Ancien Testament tout entier. Il faut qu’il ouvre le livre sacré à la première page pour y apprendre de la bouche de Moïse que si l’homme est si grand, c’est qu’il a été créé à l’image de Dieu, et que s’il est si petit, c’est qu’il est déchu.

Combien est plus logique le plan attribué à Pascal par Etienne Périer, d’après le témoignage de Pascal lui-même.

Il commença d’abord, dit Etienne Périer, par une peinture de l’homme, où il n’oublia rien de tout ce qui le pouvait faire connaître, et au-dedans et au dehors de lui-même, jusqu’aux plus secrets mouvements de son cœur. Il supposa ensuite un homme qui, ayant toujours vécu dans une ignorance générale, et dans l’indifférence à l’égard de toutes choses, et surtout à l’égard de soi-même, vient enfin à se considérer dans ce tableau et à examiner ce qu’il est. Il est surpris d’y découvrir une infinité de choses auxquelles il n’a jamais pensé, et il ne saurait remarquer sans étonnement et sans admiration tout ce que M. Pascal lui fait