sentir de sa grandeur et de sa bassesse, de ses avantages et de ses faiblesses, du peu de lumière qui lui reste et des ténèbres qui l’environnent presque de toutes parts, et enfin de toutes les contrariétés étonnantes qui se trouvent dans sa nature. Il ne peut plus, après cela, demeurer dans l’indifférence, s’il a tant soit peu de raison, et quelque insensible qu’il ait été jusqu’alors, il doit souhaiter, après avoir ainsi connu ce qu’il est, de connaître aussi d’où il vient et ce qu’il doit devenir.
Voilà qui est clair. Pascal ne conclut pas des contrariétés de la nature humaine à l’idée de la chute, mais à l’impossibilité de l’indifférence, ce qui est bien autre chose. Continuons.
M. Pascal l’ayant mis dans cette disposition de chercher à s’instruire sur un doute si important, il l’adresse premièrement aux philosophes… Il lui fait ensuite parcourir tout l’univers et tous les âges, pour lui faire remarquer une infinité de religions qui s’y rencontrent…
Inutile de dire qu’il n’a pas de peine à lui en montrer la vanité. Peu de mots lui suffisent pour cela ; il n’a qu’à lui faire voir combien l’homme, tel que l’ont connu ces religions et ces philosophies, ressemble peu à l’homme tel qu’il vient de le lui révéler.
Enfin, il lui fait jeter les yeux sur le peuple juif, et il lui en fait observer des circonstances si extraordinaires, qu’il attire facilement son attention.
Voyez que de précautions. Pascal ne fait pas un pas sans assurer sa marche ; il n’affirme rien en-