Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/161

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Il ne pense pas avoir fait autre chose que de déposer un germe heureux dans l’esprit de son adversaire ou plutôt de son disciple ; il n’attend la conviction que de la suite des preuves qui vont, en s’entassant, se fortifier les unes par les autres, et qui amèneront enfin Pascal, mais beaucoup plus tard, quand l’œuvre de préparation sera terminée, à déchirer violemment le voile du sanctuaire, et à montrer Christ sur la croix dans toute sa gloire et dans tout son abaissement.

Je ne donne pas ce plan comme le plan vrai et définitif. Sur ce point, je n’affirme rien. Je le donne seulement comme plus conforme à l’idée que je me fais du génie de Pascal. Je le demande à M. Astié lui-même, cette marche lente, mais sûre et graduelle, n’est-elle pas infiniment plus logique que celle qui est indiquée dans ces paroles un peu vagues : « Après avoir humilié l’homme… Pascal lui donne le coup de grâce en lui arrachant un aveu de chute ? » Sans doute, tout n’est plus sacrifié à l’inviolable prééminence des preuves internes ; mais si le plaidoyer de Pascal y gagne en force réelle, qu’importe ? D’ailleurs, quelle idée se fait M. Astié de cette prééminence dont il se’constitue le champion ? Je ne sais ; j’ai grand’peur de lui faire tort, car M. Astié, que je suis heureux de connaître personnellement, est un homme de cœur et d’esprit ; mais il me semble vraiment qu’elle consiste dans