Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/21

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une conversion subite, plia mon âme à la docilité. »

Voici comment nous nous figurons l’histoire intime de la conversion de Calvin. Jusqu’à l’âge de vingt-trois ans, ou à peu près, Calvin resta bon catholique. Les supplices qu’il vit se multiplier à Paris ne durent pas le troubler beaucoup plus que celui dont il chargea volontairement sa conscience en immolant Servet. Les discussions qu’il entendit, les raisons sur lesquelles s’appuyaient les protestants, la démoralisation du clergé catholique, étaient de nature à l’ébranler davantage. Aussitôt qu’un doute sérieux eut pénétré dans son esprit, il dut songer à le dissiper. Il n’avait pour cela qu’un moyen, l’étude attentive de la première des traditions chrétiennes, celle qui est écrite dans les Livres saints. Il le comprit et renonça à toutes les sciences humaines pour se donner entièrement, selon l’expression de Th. de Bèze, à la théologie et à Dieu. C’est là le moment critique dans la vie de Calvin, le moment de l’incertitude et de l’anxiété. C’est alors qu’il gémit et qu’il pleure ; c’est alors qu’il est saisi d’horreur, et que ni purifications, ni satisfactions ne peuvent en aucune manière le guérir. Mais la lumière ne tarda pas à renaître dans son esprit. Il avait détesté l’hérésie protestante comme une nouveauté ; la lecture de la Bible lui montre tout à coup que c’est le catholicisme qui est une hérésie nouvelle. Aussitôt il prend son