Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/216

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Les autres ont une portée plus grande. Elles sont métaphysiques ; elles se rattachent aux conditions mêmes de l’existence d’un être qui n’est pas l’Etre suprême. C’est le cas de ce singulier mélange de petitesse et de grandeur, de fini et d’infini que Pascal reconnaît en nous, et de la contradiction qui existe nécessairement entre les aspirations et les œuvres de notre raison. Ces contradictions-là sont antérieures à la chute ; elles en sont par conséquent indépendantes. Elles paraissent le lot fatal de tout être créé, quel que soit l’usage qu’il ait fait de sa liberté.

Pascal méconnaît cette distinction. Il groupe sans scrupule des faits de nature diverse, il en forme un faisceau unique, et c’est ainsi, liés arbitrairement les uns avec les autres, qu’il les jette sur le plateau de la balance pour peser en faveur du dogme chrétien.

Cette association d’idées hétérogènes nuit à la netteté du raisonnement et à l’évidence des conclusions. Elle constitue une faute contre la logique, et cette faute est d’autant plus sensible que les contradictions métaphysiques, c’est-à-dire celles-là même qui sont étrangères au fait de la chute, paraissent préoccuper particulièrement Pascal. Les termes qu’il emploie le montrent. Pascal parle de la bassesse de l’homme, de sa petitesse, de sa misère plus qu’il ne parle de la corruption de son cœur. Or