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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/219

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de la doctrine dualiste. Elle tient compte des deux principes et elle les concilie dans une unité plus haute. Elle satisfait en cela aux exigences du véritable esprit philosophique.

Il n’est pas digne d’un penseur sérieux de traiter légèrement ce premier dogme de l’Evangile. Il explique tant de choses et il les explique si bien qu’il se recommande de lui-même à l’examen. Mais n’en faut-il pas davantage pour qu’il soit aussitôt reconnu comme l’expression de la vérité, comme la loi du monde moral ? Oui, il en faut davantage.

De même que l’observateur des faits moraux, l’observateur de la nature physique se trouve en présence d’un grand nombre de phénomènes, et il en cherche aussi les lois. Ces lois ne sont pas des abstractions, ce sont des faits, mais des faits gênéraux et par cela même des faits qui échappent à l’observation directe. Les faits généraux existent réellement, mais jamais à l’état pur ; ils ne se montrent que sous le vêtement étroit des faits particuliers. L’important est de les en dégager. Toutes les fois que la science y réussit, elle découvre une loi. Pour démontrer une de ces lois, pour faire voir qu’elle n’est pas une fiction de l’esprit, mais l’expression d’une réalité, il faut établir deux choses : d’abord qu’elle explique les faits particuliers, ensuite qu’elle les explique seule, ou tout au moins qu’elle les explique mieux que les autres hypothèses pro-