Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/324

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et le meilleur emploi de la vie est de le contempler dans rinfmi. Chez les hommes d’action, il incline plutôt du côté de la morale : Dieu est le maître, disent-ils, et le but de la vie est de faire sa volonté. Voilà, non les seules, mais les deux plus grandes voies ouvertes à l’esprit religieux. Les contemplateurs, les amants de l’art idéal, les théosophes, les mystiques de toute nature, suivent l’une ; l’autre est celle des apôtres ardents, des réformateurs d’ordres et d’églises, des sévères directeurs de consciences. Les premiers empêchent que l’esprit religieux ne se rétrécisse ; c’est par eux qu’au risque d’enfanter plus d’une hérésie et de courir plus d’un hasard il s’associe aux progrès de l’intelligence ; les seconds le réalisent sur la terre en œuvres toujours imparfaites et pourtant fécondes. Abandonnez à eux-mêmes l’un ou l’autre de ces deux groupes, et la religion s’égarera en spéculations stériles ou dégénérera en fanatisme étroit. Or si d’un côté on voit clairement qu’il se fait en France un travail qui tend à idéaliser le sens religieux, on ne voit pas qu’il s’en fasse un autre, parallèle et correspondant, qui tende à l’enrichir d’une nouvelle sève morale. Une masse ignorante, plus ou moins docile entre les mains du prêtre, riche d’heureux instincts naturels, mais qui n’est pas encore arrivée à la vie religieuse spontanée, voilà le fond du tableau ; sur le premier plan s’agite un groupe remuant, au milieu