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sive. » — Pauvre Legrand ! que n’est-il né en Allemagne !

La première fois que je lus Schlegel, ma curiosité fut vivement excitée par le nom du poëte Legrand, que j’ignorais. Je courus à la bibliothèque publique chercher les œuvres de Legrand. Peine perdue ! Molière y occupait tout un rayon. Quant à Legrand, pas de nouvelles ! Il est vrai que c’était à Lausanne, ville française, imbue du préjugé de Molière. Quelque dix ans plus tard, ayant à parler de Molière dans une ville allemande, devant un auditoire allemand, Schlegel me fit ressouvenir de Legrand, et j’allai de nouveau fouiller les bibliothèques publiques. Mais, ô disgrâce ! jusque dans une bibliothèque allemande, au milieu de cent mille volumes, on trouve cet affreux Tartuffe et on ne trouve pas ce charmant Roi de Cocagne.

Aujourd’hui encore, je ne saurais rien de Legrand, sauf ce que peut en dire tel dictionnaire biographique,[1] sans M. Paul Stapfer qui a eu la bonne idée-de nous donner une analyse du Roi de Cocagne, La voici en abrégé.

  1. Marc-Antoine Legrand, acteur et poëte. Il mourut à Paris en 1728, âgé de cinquante-six ans. Ses ouvres furent recueillies peu de temps après sa mort, en quatre volumes in-12. Elles renferment une trentaine de pièces de théâtre, dont plusieurs en un acte. Dans le nombre se trouve une comédie de Cartouche, qui fut jouée le jour que ce malheureux fut roué. Par une bizarre rencontre, Legrand était né le jour où mourut Molière.