dans le commerce de ce qui est excellent. Ce qui me charme en lui, ce n’est pas seulement cette perfection des procédés de l’art, mais surtout cet aimable naturel, cette haute valeur morale du poëte… Ce que Schlegel dit de Molière m’a profondément affligé… Pour un être tel que Schlegel, une nature solide comme Molière est une épine dans l’œil ; il sent qu’il n’a pas une seule goutte de son sang et il ne peut pas le souffrir.
Voilà Schlegel bien arrangé. Son compte est réglé maintenant, et nous pouvons oublier tout le mal qu’il a dit de Molière. Mais avez-vous entendu et pesé ces paroles : « C’est un homme complet. Ses pièces touchent au tragique » ? On ne saurait aller plus directement à l’encontre des critiques de Hegel. Selon Hegel, le tort de Molière est justement de n’être pas complet et d’avoir touché au tragique. À quel saint nous vouerons-nous désormais ? Comment choisir entre Hegel et Goethe ?
Dans cette perplexité, il est bien difficile de ne pas se souvenir de la Critique de l’École des femmes et des railleries de Dorante et d’Uranie à l’adresse de ces connaisseurs qui veulent être plus fins que les autres, et qui jugent du beau d’après une théorie qu’ils s’en sont faite. On relit avec délices toute cette scène admirable, et on s’arrête particulièrement sur la page que voici :
Vous êtes de plaisantes gens avec vos règles dont vous embarrassez les ignorants et nous étourdissez