Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/36

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C’est déjà la thèse que Bossuet renouvellera plus tard par son génie et son éloquence. — Mais, du fond de son exil, Calvin veillait sur Genève. Il écrivait à ses bien-aimés frères en notre Seigneur qui sont les reliques de la dissipation de l’Église de Genève : « Ne vous déconfortez point », leur dit-il avec un accent énergique dont la vigueur est relevée par le pittoresque de notre vieux langage, « ne vous déconfortez point en ce qu’il a plu à notre Seigneur de vous abaisser pour un temps, vu qu’il n’est pas autre que l’Ecriture testifie être ; c’est qu’il exalte l’humble et contemptible de la poussière, le pauvre de la fiente ; qu’il donne la couronne de joie à ceux qui sont en pleurs et larmes, qu’il rend la lumière à ceux qui sont en ténèbres, et même qu’il suscite en vie ceux qui sont en l’ombre de la mort ». Dans le même temps il répondait au cardinal Sadolet par un de ses écrits les plus remarquables, et de telle façon que le cardinal jugea prudent de garder le silence.

Les ennemis de Calvin se perdirent eux-mêmes. Ils furent par leurs excès les premiers artisans du triomphe définitif de Calvin. Quand le désordre ne connut plus de bornes, quand les intérêts mêmes de Genève eurent été sacrifiés par les syndics à l’ambition des Bernois, les partisans des ministres exilés reprirent violemment le dessus, et Calvin fut rappelé. Ainsi triomphent tous les partis, bien moins par la