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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/37

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force qui leur est propre que par les fautes de leurs adversaires.

Calvin hésita longtemps avant de retourner à Genève. Il savait quelle tâche l’y attendait. Ce fut un nouveau sacrifice pour lui. Il ne se résigna qu’avec déplaisir, larmes et travail d’esprit, seulement parce qu’il était à Dieu et non pas à lui-même ; mais une fois le fardeau repris, il ne l’en portera pas moins avec cette persévérance que peut seul donner le sentiment du devoir.

Mais le regard du réformateur dépassait l’étroit horizon de Genève. Sans oublier sa paroisse, sans rien négliger des soins les plus minutieux de son ministère, il aspirait dès longtemps à étendre son influence sur toute l’Europe protestante.

La Réformation était dans une époque de crise. Comme toute révolution politique, sociale ou religieuse, elle avait deux choses à faire : renverser l’édifice vermoulu de la papauté, puis élever à son tour un édifice nouveau. Luther avait été l’homme de la première partie de cette œuvre. Travailleur infatigable, il était monté à la brèche, il avait abattu, il avait foulé aux pieds toutes les vieilles idoles ; il avait démembré le patrimoine de St-Pierre ; il avait, sous mille coups répétés, entassé des ruines immenses. Sans doute, il n’avait songé à détruire que pour rebâtir aussitôt. Homme de conviction et de foi, il ne voulait point plonger le monde dans l’anarchie ; il