Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voulait au contraire remplacer une religion corrompue par une religion épurée. Mais devant courir au plus pressé, il n’avait eu que le temps de poser quelques-unes des colonnes du temple nouveau. Il avait ébranlé jusqu’aux fondements la religion catholique, plutôt que solidement constitué la religion réformée. — Or, comme il arrive toujours dans ces époques où la société se transforme, les idées les plus hardies, les doctrines les plus étranges s’étaient fait jour de toutes parts. Certains docteurs qui n’avaient de commun avec Luther que leur haine contre Rome, cherchaient à profiter de la fermentation générale pour propager leurs théories. Partout se renouvelaient d’anciennes hérésies ; partout se divisait la phalange protestante. Il y avait guerre entre les chefs eux-mêmes, entre ceux qui par un élan spontané, avaient presque dans le même temps, commencé la lutte sur des points divers, entre ceux devant lesquels tous s’inclinaient et qui, par le droit du génie, étaient devenus les oracles de la réformation : il y avait guerre entre Zwingle et Luther. En vain Luther, par la véhémence de sa parole, cherchait à subjuguer les rebelles ; en vain Mélanchton interposait sa douceur et sa charité ; en vain Bucer s’ingéniait à combiner des formules ambiguës pour satisfaire ou pour tromper tous les partis : le protestantisme était déchiré. Terrible dans l’attaque, il semblait impuissant à se constituer. — Calvin eut