Page:Rambert - Études littéraires, t2, 1890.djvu/298

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vétéran de la forêt, il lui fera son salut de poëte en ces termes :


Pour ta sérénité, je t’aime, entre nos frères !


Augustin Thierry, à ce que rapporte Sainte-Beuve, avait parodié ce vers en l’adressant à une citrouille :


Pour ta rotondité, je t’aime, entre nos sœurs !


Voila l’écueil de ces résurrections. On s’en fait un genre, et l’on croit qu’on est sincère parce qu’on s’est monté l’imagination. Il est moins facile de surprendre Leconte de Lisle en flagrant délit d’affectation recherchée. Il est plus artiste, donc plus habile ; il est plus réellement epris, et l’évocation, plus puissante, est par là même plus vraisemblable. Cependant il est telle de ses poésies dont l’ensemble trahit une composition laborieuse et qui, malgré tout l’art qu’il y déploie, est d’une lecture pénible. On a dit de lui qu’il était quelquefois ennuyeux, mais qu’il versait l’ennui de haut. Verse de haut ou de bas, l’ennui est toujours l’ennui ; c’est le signe et le châtiment de toutes les inspirations factices.

À quoi bon chicaner ? Reconnaissons de bonne grâce que si, de notre temps, le génie de la Grèce a réussi a revivre, à refleurir quelque part, c’est dans l’imagination de cet enfant créole, venu des mers de Madagascar pour rapprendre à la France de Voltaire, les secrets de la nature et des religions qu’elle