Page:Ramsay - Les Voyages de Cyrus, éd. Quillau, 1727, tome 1.pdf/193

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nophis, lui demanda comment il étoit sorti de prison, & le sage Egyptien continua ainsi son récit.

Je fus oublié quelques années dans ma prison à Memphis. Je ne pouvois voir ni entretenir personne ; abandonné à la solitude, sans aucune consolation, je souffris les maux les plus cruels de l’ennui. L’homme ne trouve au dedans de lui-même qu’un vuide affreux qui le desole ; son bonheur ne vient que des amusemens qui l’empêchent de sentir son insuffisance naturelle. Je desirai la mort avec ardeur, mais je respectai les Dieux, & je n’osai me la procurer, persuadé que ceux qui m’ont donné la vie, ont seuls le droit de me l’ôter.