Page:Ramus - La préparation à la Guerre sans la résistance du peuple — Pourquoi ?, 1935.pdf/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 17 —

Je ne pourrais pas trouver une confirmation plus exacte de ce que j’ai dit sur le manque de clarté sur la fonction de l’État dans la société chez les pacifistes, il s’ensuit que leur pacifisme n’est pas une chose sur laquelle on peut compter toujours.

Avec Tolstoï et d’autres je nie « la collaboration pacifique de plusieurs gouvernements démocratiques » ; Tolstoï aussi nous a montré du point de vue chrétien que la base de tout État est la violence. Même la sociologie des universités a dû le reconnaître. (Gumplowocz, Rutzenhofer, Oppenheimer et d’autres). Nous voyons ainsi que tous les gouvernements préparent leurs sujets à la guerre ; seulement, les uns le font pour la guerre, les autres le font pour la paix… Tous les gouvernements trompent leurs sujets de la même façon en disant que la guerre est menée pour la défense du pays, de la vie de son peuple, etc.

Il est vrai que l’objection de conscience du service militaire veut dire un sacrifice, même souvent la mort. Mais marcher à la guerre, qu’est-ce que cela veut dire ? C’est aussi la mutilation, la mort… Pourquoi plutôt ne pas se sacrifier pour l’idée de la Paix ?

Je ne veux induire personne à faire une action à laquelle il n’est pas poussé lui-même par sa conscience, mais on ne peut pas nier que quelques milliers d’objecteurs seulement ne peuvent être exécutés sans que le peuple se révolte. Et même la mort, n’est-elle pas meilleure et plus honorable pour la paix que pour le principe néfaste et affreux de la guerre ?

Et puis, l’objection peut se manifester non seulement par le refus direct, mais aussi dans l’armée même, aussi longtemps qu’elle poursuit son principe antimilitariste et antiguerrier. Les Grecs étaient le plus à craindre lorsqu’ils se trouvaient dans le cheval de Troie…

Mais la seule action conséquente du pacifiste est le refus individuel soit-il ouvert ou caché. C’est aussi le seul qui puisse se manifester sans la grande masse ; il n’y a