Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/74

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matin, il marchait à midi, il marchait encore le soir ; et le ciel à présent s’habillait de vert devant lui. Les hommes étaient partout heureux et beaux dans le grand vignoble, ayant leurs épis de maïs qui séchaient devant les maisons, et, en dessous de l’avant-toit de l’écurie, sur une sorte de galerie à claire-voie, leurs noix bien étalées sur les lattes dans le courant d’air. Les femmes, debout sur les portes, lui disaient : « Voulez-vous entrer ? » On lui faisait un lit. On ne lui demandait point d’argent. On ne lui demandait même pas son nom ; on n’a plus de noms.

On lui faisait un lit. Il couchait dans un bon lit. Il se levait de grand matin, il recommençait à marcher, il se levait en même temps que les gens de la maison ; et ainsi peu à peu il a quitté le lac, il est entré dans la grande vallée qui y fait suite ; là, il est remonté le