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LA GRANDE PEUR

quelques-uns du moins qui s’y sont risqués, des chasseurs ; — et on tourne par là la chaîne sans trop de peine, ni de détours.

Ils mettent leur fusil en travers de leur dos, car ils ont besoin de se servir des mains et des pieds ; ils ont un sac avec leurs provisions dedans, ils ont des jambières de cuir ; — maintenant c’est le tour de Joseph, mais lui sans sac, ni jambières, ni fusil ; en habits du dimanche, un bâton à la main. Ils ont un cornet pour s’appeler en cas de besoin, ils sont plusieurs ; — lui était seul, n’ayant pas de cornet, n’ayant personne à appeler, marchant dans la neige pâle et dans l’espèce d’ombre que l’arête d’ardoise portait en avant d’elle.

Il a atteint le bas du couloir ; là, il s’est tourné de côté.

Il a mis son corps de côté, l’épaule droite touchant la pente. Il montait comme à des échelons par des trous qu’il faisait l’un au-dessus de l’autre. Il touchait de l’épaule et avec le côté de sa figure sur la droite l’escarpement, laissant tomber sur son autre côté une toujours plus grande profondeur de vide. On est comme quand on monte à un cerisier sur une échelle. Heureusement qu’ici la neige bien tassée restait ferme sous