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DANS LA MONTAGNE

votre poids, tandis que Joseph y creusait des trous ou y enfonçait son bâton, se servant de lui par endroit comme d’une prise naturelle. Ainsi il s’élevait toujours, devenant de nouveau petit et de plus en plus petit, là-haut, dans le silence ; et il a été vu contre la neige, puis il a été vu contre le ciel, ayant atteint l’entaille ; debout alors là, dans cette fenêtre, quand tout à coup ce qu’il y a de l’autre côté de la chaîne vous saute contre, et une moitié de monde pas connue est connue, venant à vous d’une seule fois. Là sont rangés autour de vous à nouveau des milliers de tours, de dents et d’aiguilles, et, à cause de l’éloignement, il semble qu’on soit au-dessus d’elles, bien qu’elles soient blanches, toutes blanches et, quand le soleil vient les frapper, dorées ou roses : en marbre rose, ou en métal, en or, en acier, en argent ; faisant tout autour de vous comme une couronne de pierreries ; — cet autre côté de la chaîne où Joseph était parvenu, puis il se met à redescendre.

Il redescendait dans de la rocaille, puis dans de la neige ; il redescendait, mais il tournait en même temps ; il prenait de plus en plus sur sa gauche, il se serrait à la