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LA GRANDE PEUR

chaîne qu’il venait de franchir, allant vers le nord après avoir été vers le sud, redéfaisant ainsi le chemin fait par lui sur l’autre versant ; — dans de la rocaille et des neiges, puis de la glace, puis des cailloux ; puis la terre a recommencé à se montrer, la terre a recommencé à être d’une belle couleur verte dans les pâturages qu’il a abordés par leur côté d’en haut, et dans le bas était le chalet qu’il a évité ; dans le bas étaient des points de couleur se déplaçant avec lenteur les uns devant les autres, pendant que de temps en temps le battement d’une clochette vous arrivait ; mais il évite les troupeaux, il évite les hommes et les maisons des hommes, prenant sur le côté d’en haut des pâturages, tandis qu’il ne quittait toujours pas la chaîne, qui allait s’abaissant par des dos rocheux et des forêts ; — allant toujours, tandis que la journée allait ; allant sous le ciel blanc, parmi les mouches toujours plus nombreuses et plus méchantes, qui faisaient par place de petits nuages noirs qu’il traversait en les déchirant ; allant presque à plat maintenant, allant droit devant lui, puis midi est venu, puis l’après-midi est venue ; — et il a été deux heures, puis trois heures ;