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DANS LA MONTAGNE

c’est alors qu’on l’a vu qui commençait à remonter.

Il a commencé à remonter dans une forêt où il y avait un chemin ; il avait pris de nouveau sur sa gauche.

On voyait qu’il faisait le cercle, et de plus en plus il fermait ce cercle comme s’il cherchait à en faire se rejoindre les deux bouts ; ayant été amené pour finir à un col au-dessous duquel était le village.

Alors on a compris où il allait.

Il se disait : « Il faudra attendre qu’il fasse nuit, » il s’assit à la lisière du bois, dans des buissons. Il lui restait un morceau de pain où il se mit à mordre ; il avait bu aux ruisseaux en venant. Il se disait : « J’attendrai qu’il fasse nuit, et puis j’irai l’appeler sous la fenêtre de la cuisine… » Il mangea son pain, et le temps allait pendant qu’il mangeait son pain, bien que ce ne fût encore que le commencement du soir, et pendant qu’il était assis dans les buissons.

Devant lui, les prés descendaient en pente raide, puis tout le village venait, vu de dessus.

Les bruits, recueillis et portés à vous par le double versant de la vallée comme quand