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DANS LA MONTAGNE

le chemin, personne non plus dans les prés, ce n’est pas l’heure ; pourtant il ralentissait de nouveau le pas ; on aurait dit qu’il faisait exprès d’aller le plus lentement possible, étant arrivé en face du pont.

Il attend un moment encore avant de passer le pont.

Puis il le passe, mais à présent, c’était comme s’il avait oublié qu’il ne devait pas être vu ; il n’a rien fait pour ne pas être vu, ayant pris dans le milieu du pont, allant de son pas ordinaire.

On aurait très bien pu le voir, s’il y avait eu seulement quelqu’un, mais il n’y avait personne. Personne sur les bancs, ni devant les portes, ni aux fenêtres ; personne non plus, comme il montait la rue. Et elle devenait de plus en plus étroite, alors il s’est glissé le long de son côté gauche à ras les murs, jusqu’à ce qu’il fût arrivé.

On ne venait toujours pas, personne ne parle aux environs ; dans la maison en face de lui tout se tait également, bien que les fenêtres de la cuisine et les trois fenêtres de la chambre qui est à côté soient éclairées. Il regarde cette façade en pierre et en bois, dont la partie de bois ne se voit plus depuis longtemps, et c’est seulement la partie d’en