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Page:Ramuz - La grande peur dans la montagne, 1926.djvu/204

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LA GRANDE PEUR

bas qu’on distingue, étant passée au blanc de chaux. Les fenêtres plus haut semblent découpées dans la nuit, elles sont fermées. Et, quand la porte en haut du perron, un moment après, s’est ouverte, elle s’est ouverte sans faire aucun bruit.

On a vu la lampe de la cuisine pousser par l’ouverture sa lumière sur la large dalle où il y a eu une place éclairée ; là, une femme s’est tenue un instant, la tête sous un fichu, puis elle descend l’escalier.

Elle fait tout doucement, on ne l’entend pas descendre les marches ; on l’a vue de nouveau sur le mur blanc, elle a été noire sur le mur blanc ; à présent, elle s’en va, tandis que Joseph se tient toujours à la même place, levant les yeux vers les fenêtres, mais personne ne s’y montre, aucune ombre même n’y est parue.

C’est alors qu’un bruit de pas s’est fait entendre dans la ruelle ; trois hommes passent devant Joseph. Ils ne parlent pas. Ils montent l’escalier l’un derrière l’autre, sans rien dire, faisant tout doucement, eux aussi. Puis l’homme qui va en tête frappe trois petits coups à la porte d’entrée ; il pèse ensuite, sans attendre qu’on vienne, sur le loquet, tout doucement ; la porte cède, la