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DANS LA MONTAGNE

— Mais je suis venu trop tard ; c’est ma faute.

Il a dit :

— Je te demande pardon.

Il la regarde encore un long moment. Puis il s’est rapproché encore du lit ; il vient plus près, toujours plus près, il vient jusque tout contre le lit, tout contre elle ; là ses genoux se sont mis à fléchir, ses genoux vont d’eux-mêmes en avant.

Il tendit encore un peu la tête ; il disait :

— Adieu, adieu, petite…

Il disait :

— Adieu, Victorine…

Puis il a secoué la tête :

— Non, je ne m’en vais pas.

Elle était tellement près de lui, avec sa figure et ses mains. Chaque fois que la flamme des bougies bougeait, quelque chose bougeait sur sa figure. Il lui parle, peut-être bien qu’elle va répondre. Et, de nouveau, il lui parlait :

— Faut-il que je reste, Victorine ? dis, Victorine…

Alors il n’a pas pu s’empêcher de tendre la main vers la sienne, parce qu’elle était tellement près ; mais aussitôt il retire sa main.