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DANS LA MONTAGNE

oiseau, ni la corneille, ni l’aigle, ne crie, et aucun vent ne se fait entendre à l’arête des blocs et à la pointe des aiguilles, où tout pendait dans le silence à l’imitation du brouillard. De sorte que rien n’a changé pour lui, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à la Fenêtre du Chamois ; là l’échelle de ses pas était maintenant au-dessous de lui, avec les échelons bleus taillés par lui la veille dans la neige, dont quatre ou cinq seulement pouvaient être vus, qu’il se met à descendre posé debout contre la pente dont son épaule droite est à peine séparée ; lui-même distinguant mal le bas de son corps et ses pieds, déjà masqués par ces vapeurs, dans lesquelles il s’est enfoncé de haut en bas. Il n’y avait toujours aucun mouvement nulle part, ni au-dedans d’elles, ni au-dessus d’elles. Il a fallu qu’il fût arrivé au bas de la fenêtre et eût traversé là les derniers champs de neige, par lesquels il allait rejoindre les moraines, et qu’il les eût rejointes enfin. Le glacier ne pouvait toujours pas s’apercevoir. Joseph était tout à côté du glacier, qu’il dominait immédiatement, pourtant il n’en distinguait rien, ni de l’immense chute de ses eaux arrêtées. Et le bruit qu’il y a eu enfin, n’est pas venu du glacier ; il s’est fait entendre à la droite