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DANS LA MONTAGNE

veau pour les morts ; puis on avait été boire le café.

Et auparavant on avait relevé les deux postes : celui d’au-dessus du village, qui était l’ancien et celui de l’entrée du pont qu’on avait seulement établi la veille au soir, et qui était seulement de deux hommes ; on a relevé les deux postes, on a été boire le café.

On se donnait l’air de faire quelque chose ; on plantait un clou, on a sorti le fumier des étables.

Ils n’arrêtaient plus de sonner pour les morts, alors on aimait autant ne pas trop s’écarter de la maison ; d’autant plus qu’on devait se changer, et les femmes nous avaient déjà préparé nos habits du dimanche et une chemise propre, et il nous fallait nous raser encore ; c’est pourquoi on n’a pas eu l’occasion de beaucoup se voir, ni de beaucoup se parler, ce matin-là, pendant qu’on sonnait pour les morts et puis on sonnait pour les morts et puis on sonnait pour les morts…

C’est le vieux Munier qui s’est trouvé être prêt le premier ; il avait été s’asseoir devant chez lui, sur la place.