Page:Ramuz - La grande peur dans la montagne, 1926.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
LA GRANDE PEUR

qui sont venues en bas ; on disait : « Il faudrait une échelle… »

Quelques-uns alors sont partis pour aller chercher cette échelle, — et on ne voyait rien, on était bien trop occupés. Il y avait bien trop de bruit aussi pour qu’on ait rien entendu jusqu’au moment où tous les arbres ont été cassés par le milieu dans les vergers, en même temps que les toits de deux ou trois fenils partaient en l’air.

Puis on a entendu les cheminées qui dégringolaient.

Ensuite, alors, tout s’était tu, personne ne faisait plus un mouvement ; et c’est dans le silence, c’est grâce au silence. Là-bas, et en amont, cette chose qui naissait dans l’air, puis venait ; qui a eu tout le temps de naître et de venir, et était faite de deux choses, c’est-à-dire qu’il y avait une espèce de roulement comme quand le tonnerre gronde au lointain sur place, et puis, plus par devant, comme si des cloches sonnaient.

On a commencé à écouter, on a commencé à pouvoir écouter, on a commencé à entendre ; puis quelqu’un, au milieu du silence, quelqu’un tout à coup :

— C’est eux ! Ceux du chalet !…