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LE RAISIN VERT

l’entremise d’une agence, avec une famille d’Anglais qui cherchait un appartement meublé pour toute la durée des vacances. La somme offerte couvrirait largement les frais de leur séjour à la montagne.

— Et si je refuse de signer l’engagement ? dit Amédée.

— Alors, répondit Isabelle, nous irons ensemble à votre banque, nous retirerons tout ce qui reste et nous nous empresserons de le porter au hanneton Pignardol, pour qu’il broute à notre santé. Mais je réclame auparavant la permission de lui dire deux mots.

L’engagement fut signé le lendemain. Les enfants dansèrent de joie. On allait retrouver la montagne, le fracas des torrents, l’air qui sent l’eau et l’herbe qui sent la garenne.

Là-dessus, par une de ces brusques revanches d’autorité qui suivaient toujours ses défaites, M. Durras décréta que l’on n’irait pas à la montagne, mais à la mer, dans une île bretonne, dont il avait entendu vanter les charmes.

C’était là un des derniers rayons de l’étoile déclinante de Pignardol. La description enthousiaste de l’île morbihannaise qu’il avait faite à son ami Durras aimantait cette âme errante. Et comme le chimiste avait parlé de pêches fabuleuses, Amédée se précipita chez un spécialiste qui lui fournit au prix fort havenets, filets, filin, cannes à moulinet, amorces de toutes sortes et jusqu’à un suroît de pêcheur de morue.

— Eh bien ! mes enfants, dit-il en revenant de faire ses emplettes, vous en avez de la chance : vous mangerez tous les jours du homard.