expliquer. Si j’ai des torts, je m’en excuserai loyalement.
— Loyalement ! souligne Annonciade avec un pauvre petit rire. Ce mot vous va bien, en vérité !
Mais, du coup elle est parvenue au sommet de sa bravoure et ne peut plus que descendre une pente vertigineuse. Robert a l’air vraiment fâché. Son regard s’est durci. Il ne se rend pas donc compte ?
Annonciade, paralysée, ne sait plus s’exprimer que par les yeux et par de petits mouvements convulsifs des lèvres :
— Vous voyez bien que je ne peux rien dire… Est-ce que je peux avouer tout haut que je suis jalouse ? Et jalouse d’Antoinette ? Est-ce que je peux dire avec des mots que j’ai peur que vous l’aimiez ? et que vous vous moquiez de moi ? Est-ce que je peux formuler, dessiner dans l’espace cette chose humiliante qui va ensuite s’abattre sur moi et me terrasser ? Oh ! Robert, tâchez de comprendre ! Robert… Ah ! mon Dieu, que je vous aime, bourreau…
Éperdu de tendresse au point d’en oublier ses velléités de remords, Robert l’avait prise dans ses bras et buvait des larmes.