Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/14

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petits bourgeois qui habitent la campagne. Il portait une veste de chasse et un pantalon en bon gros drap, tandis que les vêtements de la moribonde, jetés sur le pied du lit, étaient faits d’une toile grossière et tels que ceux des plus pauvres servantes. En outre, les mains calleuses de cette femme dénotaient le travail de la terre, et l’empreinte de sa face, – cette empreinte où se révèle le caractère de ceux qui vont cesser d’être, – dévoilait l’humilité ; l’humilité basse, cupide, hypocrite, de la paysanne pliée à la domesticité. C’était bien là le type de la servante-maîtresse ! Elle n’avait guère plus de quarante ans ; mais à la campagne, les femmes sont vieilles à cet âge-là. Le front de celle-ci avait des rides, et la pâleur de la maladie n’avait pas enlevé les teintes terreuses que le hâle lui avait mises aux joues. L’avarice était inscrite sur ses lèvres minces, la ruse sur ses pommettes que la peau tendue faisait saillir davantage ; le menton carré par le bout, gros et proéminent, impliquait la violence. Rien n’était sympathique en elle, malgré la souffrance qui la clouait sur le lit. Et cependant, dans le regard, dans la pose de l’homme, il y avait plus que de la simple