Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/43

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adorait sa femme ; sa femme, parce qu’elle poursuivait un but qu’elle voulait atteindre.

Au bout de dix ans, la forge était à vendre, – l’argent était prêt. Madame Michel Baldi était patronne ! – Je suis contente ! dit-elle à son mari en l’embrassant. Ce fut la plus grande expansion de sa vie ! – Elle jouissait et souffrait, d’ordinaire, en dedans, à la façon des Anglais et des sauvages. Elle plaça sa fille dans une institution où allaient les filles des bourgeois du quartier, ne liarda pas sur le prix de la pension et fit au contraire de beaux cadeaux aux maîtresses, afin qu’elles donnassent tous leurs soins à la petite Antoinette. Elle voulut pour celle-ci des maîtres d’agrément et toutes les superfluités d’une éducation mondaine. Elle-même ferma son atelier de couture, s’acheta une garde-robe qui jusque-là lui avait fait défaut, et, à la grande stupéfaction de son mari, qui ne l’avait jamais vue ni soupçonnée dévote, elle se mit à fréquenter assidûment l’église de Notre-Dame-de-Lorette. Allait-elle à la messe, chaque matin, poussée par ce seul sentiment qui fait qu’heureux, ou aime à remercier Dieu de son bonheur ? Au sortir de la forge enfumée, de