Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/50

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des voyageurs groupés ou solitaires, allant affairés, çà et là, ou fumant paisiblement ; des soldats avec leurs fusils, des chasseurs avec leurs chiens, des nourrices avec leurs marmots, des citadins et des paysans, des gentlemen et des commis ; —des bruits de roues et des coups de sifflets, des voix distinctes et des murmures confus. Et, par-dessus tout, cette horloge inflexible, dont on ne saurait arrêter l’aiguille, dont l’heure tinte comme un glas fatal. Au conducteur de la diligence, on disait : Attendez un peu. Prenez un verre de vin ; trinquez avec nous. — Le chef de train est invisible. Il est là-bas, de l’autre côté, soldat esclave de sa consigne, être de raison qui donne le signal du départ, comme la pendule sonne l’heure. Dans la cour de la diligence, il n’y avait que les parents et les amis de ceux qui parlaient ; ici, les indifférents pullulent On n’ose pas se faire, devant eux, les recommandations enfantines et touchantes ; on n’ose pas se dire qu’on s’aime ; on n’ose pas pleurer ; — on s’embrasse devant des badauds qui rient !

Le lundi est venu. Dix heures du soir ! Pierre va partir : il faut qu’il parte. Il a