Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/63

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Elle parut à la fenêtre, dans un déshabillé galant, composé d’une camisole jaune à pois bruns, et d’un serre-tête en indienne jaune sur jaune. Le jaune est le fard des brunes, et madame Sainte-Hélène était brune, en dépit de ses yeux bleus. C’est du moins ce qu’affirmait son mari, et lui seul était compétent en pareille matière, puisque lui seul pouvait se vanter de l’avoir vue nu-tête.

– Sainte-Hélène ! Quelle heure est-il ?

– Sept heures !

– Les ouvriers sont-ils tous arrivés ?

– Tous, excepté le petit.

– Oh ! le garnement ! Il mourra à la Roquette, je le lui ai prédit. Ce jour-là, il se lèvera matin. Le monstre d’enfant ! Où peut-il être passé ? Ah ! j’y suis ! Hier à minuit, tu dormais, toi, et je n’ai pas voulu te réveiller ; à minuit donc, voilà qu’on sonne. – Qui est là ? – Personne ! C’était lui. Je l’ai bien reconnu à sa voix. Je parie qu’il montait chez cette petite coureuse de Belotte. Ne l’a-t-il pas menée l’autre jour à l’Ambigu. À l’Ambigu ! Je t’en donnerai, moi, de l’Ambigu ! démon de perversité, va ! Après ça, ils se valent bien tous les deux. Je ne donnerais