Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rougir, se prit à poser ses questions, s’amusant de l’embarras de son interlocutrice, écrivant lentement les réponses, relevant sur elle un regard qui faisait étinceler le verre de ses lunettes d’or.

– Quel âge avez-vous ?

– Dix-huit ans.

– Dans quelle pension étiez-vous ?

– Je n’ai pas été en pension.

– Ah ! ah !

– Monsieur, dit la mère, mon mari était banquier. Nous étions riches. J’ai voulu que ma fille fût élevée auprès de moi. Je lui ai donné des maîtres de toute sorte. Depuis, mon mari est mort. Nous avons été bien éprouvées. Certes, je ne pensais pas qu’un jour ma fille serait réduite à gagner sa vie chez les autres !..

– Madame, fit l’honnête Baratte, ne vous repentez pas de ce que vous avez fait. L’éducation donnée en famille est la meilleure. Ma femme, une sainte ! m’a dit souvent (et j’étais de son avis) que, si nous avions des enfants, nous les ferions élever près de nous. Dans les pensions, quelque sévèrement qu’elles soient tenues, les jeunes filles risquent toujours d’avoir de mauvais exemples sous les yeux. Ainsi,