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Page:Ratton - Les œuvres post-scolaires, éducation populaire et sociale, 1905.pdf/229

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lèvres, était accompli sans aucune hésitation perceptible.

Il fallait voir aussi l’expression de vive satisfaction qui éclairait ces visages d’enfants, heureux, on le sentait, de prouver leur petit savoir. Leurs yeux brillaient de plaisir, alors que la bouche exprimait la pensée, et ce spectacle était profondément émouvant et réconfortant à la fois, car on était en présence d’un véritable sauvetage moral de l’enfance. De pareilles œuvres sont dignes d’être connues, et méritent largement le vif intérêt qu’elles suscitent.

La place nous manquerait pour entrer dans le détail d’application de l’admirable méthode si patiemment enseignée à l’Institution de Monfavet par M. l’abbé Grimaud et ses dignes collaborateurs, MM. Meissonnier frères. Disons succinctement que la démutisation en forme la base essentielle, et que les exercices d’écriture et de lecture n’en sont que la conséquence logique. Grâce à des exercices souvent répétés d’articulation des divers éléments d’un mot, l’enfant sourd-muet, qui n’aura jamais la perception des sons, suit des yeux le mouvement accentué des lèvres de son professeur. Sa volonté, peu à peu éveillée, stimulée par le contact permanent des camarades entendants-parlants (bègues et anormaux), l’amène à imiter, à son tour, cette mimique des lèvres, et ainsi les mots d’une phrase sont successivement prononcés d’une voix dont la tonalité s’améliore avec la progression des exercices.

Tout, d’ailleurs, dans l’établissement modèle que nous avons admiré concourt à compléter les bienfaits de l’enseigne-