Page:Ray - Histoires de vampires (extrait Le Gardien du cimetière), 2010.djvu/14

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Une haute haie de houx attira mes regards ; elle allait de la muraille est à la muraille nord, clôturant ainsi un lopin de terre triangulaire qui échappait à ma vue.

Quelle étrange appréhension me fit souhaiter de voir l’espace isolé de la sorte ? Cela me fut très difficile, car la haie était épaisse et chaque feuille de houx était une petite main griffue qui me lacérait la peau.

Il n’y avait rien dans l’enclos, si ce n’est huit croix dont la vétusté allait pour ainsi dire en gradation régulière ; ainsi, la première était pourrie et lavée par les pluies, la huitième semblait toute fraîche…

C’étaient comme des tombes nouvelles…

Cette nuit-là, j’eus un sommeil hanté de cauchemars ; j’eus l’impression d’un poids énorme m’écrasant la poitrine et, dans ma torpeur, ma plaie me faisait atrocement souffrir.


Oh ! j’ai peur…

Quelque chose se passe. Comment ne l’ai-je pas remarqué auparavant ? Ni Ossip ni Velitcho ne boivent le « chur ». Ce matin, ils ont oublié les trois tasses sur la table ; seule la mienne contenait des restes de breuvage, les leurs étaient nettes !

Je DOIS dormir !


Ce soir, je veux rester éveillé, je veux voir ; j’ai bu le « chur » ; je suis couché sur le lit de camp, je ne veux pas dormir, je ne veux pas, de toutes les forces de mon cerveau. Oh ! la terrible lutte contre ce sommeil de plomb et de fer !


Ossip et Velitcho me regardent. Ils croient que je dors. Je résisterai encore une minute, une seconde peut-être…

Horreur ! Le courlis a crié près de la fenêtre.

Oh ! quelque chose d’atroce, d’épouvantable s’est passé !… Là… contre la vitre, un visage d’enfer s’est collé. De terribles yeux