Page:Ray - Histoires de vampires (extrait Le Gardien du cimetière), 2010.djvu/15

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vitreux, des yeux de cadavre, des cheveux d’un blanc de neige, hérissés comme des lances, et une bouche immense ricanant sur des dents noires, une bouche rouge, rouge comme du feu, ou comme du beau sang qui coule. Puis la roue de feu a tourné dans ma tête et le sommeil est venu, et les cauchemars.


Je bois le « chur », je le bois tous les soirs. Ils me gardent comme des tigres et je sens que, toutes les nuits, quelque chose d’atroce se passe.

Quoi ? Je ne sais, je ne peux plus penser, je ne peux que souffrir…

Quelle force mystérieuse m’a poussé de nouveau vers l’enclos des croix ?

Comme je m’apprêtais à partir, mes yeux se sont attachés à un bout de bois dépassant de terre à côté de la huitième croix. Machinalement, je l’ai tiré : c’était une planche portant quelques mots écrits difficilement.

L’inscription avait beaucoup souffert, mais j’ai pu lire quand même :

« Ami, si tu ne peux pas fuir, ceci sera la place de ta tombe. Ils en ont tué sept. Je serai le huitième, car je n’ai plus de force. Je ne sais ce qui se passe ici. C’est un horrible mystère. Fuis !

« Pierre Brunen. »

Pierre Brunen ! Je me rappelle : c’est le nom de mon prédécesseur. Les huit croix indiquent les tombes des gardiens adjoints qui se sont succédé depuis huit années.


J’ai tâché de fuir : j’escaladai le mur nord à un endroit où j’avais découvert quelques aspérités.

Déjà les hallebardes du faîte se rapprochaient de moi, lorsque soudain, à deux pouces de ma main, une pierre éclata, puis une