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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/21

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l’île des femmes

Parfois les ordres bourrus du capitaine Le Buric, commandant du bord, dominaient le brouhaha de la manœuvre.

Devant l’embarcadère, l’officieux et savant abbé Paillet menait une active police autour de la famille Saint-Clinal, écartant les indiscrets des deux bras, tandis qu’il considérait, avec une envie bien légitime, ses heureux collègues de l’académie phocéenne des sciences et belles-lettres : le père Loumaigne et maître Onésime Pintarède, précepteurs de l’heureux Dyonis.

M. de Saint-Clinal le père, majestueux, gras, superbe de satisfaction opulemment épanouie, offrant bien à la vue de tous sa magnifique prestance, levait et abaissait la canne pour rendre à Monsieur son fils les adieux multipliés d’un pathétique mouchoir.

Grand bourgeois, riche armateur, planteur d’oliviers et de vignes en Provence, intéressé dans la Compagnie des Indes et propriétaire d’un riche comptoir en Louisiane, M. de Saint-Clinal considérait avec une fierté magistrale cette Centauresse qu’il venait de mettre à la disposition de son fils quatrième, pour le récompenser d’une adolescence exemplaire.

Chacun des huit fils de M. de Saint-Clinal donnait à son père une espérance particulière. Dyonis, lui, serait certainement le grand homme de la famille. En toute modestie, ce garçon avait l’ambition