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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/29

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l’île des femmes

men, fourrageant avec des doigts irrités sa chevelure crépue et rousse de faune.

— Mais voyons, dites-moi ? insista timidement Dyonis qui cherchait à comprendre le langage expressif pourtant que lui tenaient les regards du lieutenant Tamarix.

— Vous me demandez ce qui nous arrive ? Eh bien ! Monsieur le chevalier de Saint-Clinal, je vais vous le dire. Nous avons perdu le nord. Oui, j’ai égaré mon navire. Je ne sais plus où nous sommes ; le lieutenant Tamarix non plus, ni vous, Monsieur, ni personne à bord.

— Pas possible ! s’exclama Dyonis.

Et avec sa belle assurance de jeune savant, il indiqua sur la carte la position approximative de La Centauresse.

Alors, Le Buric, faisant chatoyer ses gros yeux larmoyants de priseur, répliqua bourrument, à travers un rire orageux :

— Je vous dis que nous sommes désorientés comme guêpes dans une carafe.

Posant un doigt sur la carte de M. Daprés :

— D’après vous, Monsieur le chevalier, et d’après nous tous, voilà où nous naviguons… oui, vous dites oui ; et moi, je dis : non, morbleu ! Regardez, pas une terre, ni une île, ni un rocher où poser votre semelle à cent lieues à la ronde.

— C’est exact.

— Pardieu, si c’est exact ! Eh bien ! armez-vous de la lunette.