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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/33

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l’île des femmes

— Sait-on jamais ! bougonna Le Buric, en dévisageant singulièrement maître Pintarède, qui survenait, précédé de son regard court et ahuri de myope.

— Ce que nous ignorons, reprit doucement le père Loumaigne, Dieu seul le sait. Fions-nous à lui. Satan n’est son serviteur, ni son justicier. Toute révérence gardée pour la volonté divine dont les desseins sont impénétrables, essayons de raisonner comme doivent le faire des hommes.

— Fort bien parlé ! acquiesça maître Pintarède. Tirons notre bonnet à la Providence, ensuite, dans la nature naturante, soyons des hommes naturés, comme disait Bacon.

— Ce charabia ne dit rien qui vaille, grommela Le Buric.

Le père Loumaigne, abaissant de nouveau sa longue-vue, reprit :

— Je confesse que cette terre apparaissante est pour le moins étrange. Mais nous n’allons pas tarder à en voir disparaître la fantasmagorie. Alors, nous apercevrons un pays quelconque, avec des habitants, des animaux, des plantes, peut-être inconnus mais, nullement surnaturels. Dieu a fait de terre et d’eau notre planète.

Maître Pintarède s’arrêta de secouer son blair avec un grand mouchoir couleur havane. Il écarquillait les yeux, cherchant à comprendre. Comme il était myope, il ne vit rien de ce qui frappait la vue des autres. On lui passa la lunette pour se débarrasser de ses questions tatillonnes.