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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/43

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l’île des femmes

doute encore une petite exception, avec toute la prudence désirable, d’ailleurs. Mon cher collègue, Onésime Pintarède, s’abandonne peut-être trop à l’orgueil de l’homme. Toutefois, son irréligion voltairienne paraît innocente. Je dirai même qu’il pratique ordinairement de bonnes vertus chrétiennes, sans les avouer telles. Jusqu’ici, sa fausse religion de la science, qui l’a détourné de la vraie religion, n’aura pas gravement offensé la Majesté divine. Ainsi, mon capitaine Le Buric, il ne me semble pas, pour autant que l’homme puisse les mériter, que nous soyons exclus des bénédictions de la Providence.

— C’est bien tant mieux, dit maître Pintarède, avec un rire socratique, car cela me permettra une fois de plus d’observer dans la réalité du monde que Dieu, ayant réglé le cours des choses une fois pour toutes, s’est détourné de notre planète pour l’éternité des temps.

— Et moi, sans approuver que l’on affecte ainsi l’esprit fort, dit à son tour le lieutenant Tamarix, Dieu m’ayant fait homme et marin sans feu ni lieu, je suis persuadé qu’une épouse belle, surprenante, fort amoureuse, me sera accordée durant le séjour que nous allons faire dans cette isle.

— Cette isle, déclara Dyonis de Saint-Clinal, il faudra la baptiser… Comment la nommerons-nous ?

— L’Isle volante, dit le père Loumaigne.

— L’Isle phocéenne, en l’honneur de notre patrie, opina maître Pintarède.