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Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/46

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l’île des femmes

— En semblable matière, toute affirmation tranchée est difficile avant que des observations minutieuses et rapprochées aient pu être faites.

Il hésita une seconde, puis donnant en quelque sorte des pinçons de l’œil au Révérend, il osa dire, avec prudence d’ailleurs :

— Dans l’ordre de nos connaissances, il ne serait sans doute point difficile d’assigner aux objets animés que nous apercevons un classement certain. Mais, sapredienne ! tout nous avertit que nous l’avons franchi le cercle de nos connaissances, ainsi que le règne des lois physiques et naturelles vérifiées par nous. Pourtant, avant comme après, nous ne disposons d’autres moyens de juger que ceux qui nous viennent de notre science. Or, que du fer puisse voler ou naviguer automatiquement sous les flots, cela est contraire à tout ce que nous savons et demeure dans le domaine de l’impossible. Que dire alors, sinon que nous nous trouvons en présence d’une forme de vie inconnue, participant à la fois de l’organisme vivant et de l’appareil mécanique, ce qui revient à dire qu’un nouvel ordre de connaissances et un autre système de lois naturelles vont s’offrir à notre examen.

— Et de la loi divine, protesta le père Loumaigne, qu’en faites-vous, mécréant !

— Ventre-saint-bleu ! Tonnerre de tonnerre ! s’écria le capitaine Le Buric.

La grosse tête ronde du cétacé venait de s’ouvrir. Deux êtres humains en sortaient, tandis que