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des deux Indes.
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l’Arabie ou de l’Égypte ? L’Inde eſt, dit-on, le berceau de beaucoup de fables, d’allégories, de religions. Les curioſités de la nature ſont une ſource féconde pour l’impoſture ; elle convertit des phénomènes ſinguliers en prodiges. L’hiſtoire naturelle d’un pays devient ſurnaturelle dans un autre. Les faits, comme les plantes, s’altèrent en s’éloignant de leur origine. Les vérités ſe changent en erreurs ; & la diſtance des tems & des lieux faiſant diſparoître les cauſes occaſionnelles des fauſſes opinions, donne aux menſonges populaires un droit impreſcriptible ſur la confiance des ignorans & ſur le ſilence des ſavans. Les uns n’oſent douter, les autres n’oſent diſputer.

Quoi qu’il en ſoit des rapports qu’il peut y avoir entre la nourriture des Iſraélites & la boiſſon des Indiens, ſi la liqueur du cocotier ne s’évanouit pas au ſoleil comme la manne, elle ne tarde pas à s’aigrir & à ſe convertir en un vinaigre utile. Diſtillée dans ſa plus grande force, elle donne une eau-de-vie très-ſpiritueuſe ; & en la faiſant bouillir avec un peu de chaux vive, on en tire du ſucre de médiocre qualité. Les bourgeons